Agir après le gel de la vigne
Après la sidération, agir et exploiter le capital agronomique et œnologique du millésime 2021.
Le gel qui s’est abattu sur tous nos vignobles – ou presque – constitue un épisode d’une brutalité sans précédent qui nous laisse sidérés. Il est malheureusement évident que le potentiel de récolte est très largement et profondément compromis. Il reste cependant très hasardeux de projeter des chiffres précis sur ce que sera une récolte 2021, tant les conditions de reprises vont dépendre de multiples facteurs physiologiques, génétiques et climatiques, dont nous ignorons pour l’essentiel les déterminismes.
Il reste que l’action humaine, qui est notre seul levier, a un rôle à jouer. Et même si c’est souvent le découragement qui domine les esprits, l’heure doit être à l’action combative pour favoriser la reprise de végétation, et tenter d’optimiser le potentiel plus ou moins maigre que la gelée aura laissé sur les vignes.
- L’accompagnement hydrique, lorsqu’il est possible, doit être immédiat, à la fois pour stimuler la physiologie de la vigne, après une fin d’hiver qui a parfois laissé des sols très secs en superficie notamment dans certaines régions méridionales. L’épisode pluvieux des 10 et 11 avril est arrivé en cela à point, mais ne reste efficace qu’à court terme.
- La stimulation de la vie et du fonctionnement des sols, qui est la base de la fertilité agronomique, indispensable à une reprise des cultures, est essentielle. La faiblesse des températures de ces derniers jours reste cependant un gros inconvénient, et le facteur limitant essentiel à la reprise de cette activité.
- Les compléments nutritionnels précoces, par voie foliaire, forment à ce stade un des leviers essentiels dont il est plus que jamais nécessaire de se saisir. Les connaissances nouvelles qui ont été acquises sur les effets tout à fait significatifs de certains traitements sur les rendements de la même année (parfois jusqu’à 20%), doivent être mise en œuvre :
- L’Azote : après un premier débourrement, la vigne à grevé une partie de ses réserves d’hiver. Un soutien dès les premières feuilles étalées par voie foliaire, est souhaitable dans la majorité des cas. Un apport au moment du grossissement des fruits peut aussi être envisagé pour favoriser l’allongement des grappes et la taille des raisins.
- Le Fer : le fer est devenu en quelques années un facteur limitant de la nutrition de la vigne, de façon quasi-généralisée, et dans de nombreuses régions. Les essais multipliés sur plusieurs millésimes, cépages, et régions aboutissent à chaque fois au même constat. Des apports précoces de fer foliaire induisent une augmentation de rendement sur l’année en cours, dans des proportions allant souvent de 10 à 20 %. Le fer est apporté en 2 ou 3 apports, dès 4-5 feuilles étalées et jusqu’à taille de pois, pour des coûts par hectare qui restent marginaux.
- Le Manganèse : sur de nombreux sols basiques et/ou sableux, le manganèse est devenu un facteur limitant qui grève lui aussi les potentiels de rendements. Dans de telles situations, fréquentes, des apports de manganèse foliaire, ont donné des améliorations très sensibles des rendements au cours de la même année. Les apports sont eux aussi précoces, sur la même base que ceux réalisés pour le Fer, et sont le plus souvent réalisés en association.
- Le Magnesium : Après une très médiocre année d’assimilation en 2020, le magnésium est susceptible de devenir un facteur limitant de la physiologie de la vigne, notamment sur les cépages (accentués par l’effet de certains porte-greffes) qui sont de mauvais assimilateurs : Grenache, Merlot, Cabernet, etc.. Des apports à partir de Boutons Floraux Séparés et jusqu’à maturité sont souhaitables dans de nombreux cas.
À la fois pour tenter d’optimiser le maigre potentiel restant, mais aussi pour éviter un décrochage durable de la vigne qui se propagerait sur plusieurs années, il est maintenant nécessaire d’agir, et sans doute plus fortement que jamais.
Ce plan d’action est disponible au format PDF ici.